النشـرة الفنيـة..
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" Partir" ... Du 21 juin au 31 juillet 2016 à la galerie d’art L’Atelier 21
Vernissage : Mardi 21 juin 2016 à partir de 20h30
La chair est
triste, hélas, et j’ai lu tous les livres / Partir
Partir :
comme si la perspective d’un ailleurs avait le pouvoir de rendre à celui qui
s’en va quelque chose qui se perd dans la stase, l’exultation mais aussi
l’exaltation des départs, l’ouverture de l’espace intérieur et extérieur qui
permet la découverte de soi, des autres, du monde et finalement transforme en
or toute la glaise du quotidien…Chacun part comme il doit, nous racontent les
artistes réunis ici, mais le voyage est toujours initiatique, qu’il s’agisse
d’échapper tragiquement à la misère, à la guerre ou de découvrir d’autres
lieux, de les conquérir, le projet du départ, le départ lui-même entraine la
transformation de celui qui s’en va, de ceux qui restent, les départs
transforment le monde
Par : Yasmine
Chami
Quel or convoque Hassan Darsi, cet or d’Afrique qui entraine
chez celui qui le découvre la tentation de l’appropriation ? On pense à
l’épopée mythique des chercheurs d’or, mais il y a sous l’éclat solaire de l’or
la matière noire comme les cales obscures des navires transportant leurs
cargaisons d’esclaves vers le Nouveau Monde, terre conquise par des Européens
las de leurs insondables misères d’alors ? Oubli volontaire, amnésie de ceux
qui aujourd’hui rêvent de barbelés contenant les rêves de ceux qui vivent au
Sud symbolique du monde, exsangue et ?…folklorisé dans le regard infiniment
réflexif d’un Nord qui se rêve sans sud, déboussolé
Quel au-delà de l’ici et maintenant convoque pour celui qui
part la perspective du départ, quels incendies intérieurs évoquent les
personnages en flammes de Mohamed El baz, échoués sur les grèves meurtrières de
guerres qu’ils n’ont ni allumées, ni réussi à éteindre… qui a murmuré « nous
sommes tous Syriens ? » le ressac des océans berce les corps de ceux qui sont
partis sans jamais atteindre l’autre rive, mais ni la mort, ni même la mer ne
viennent à bout des flammes qui jaillissent de leurs cranes torches ; il est
des incendies que rien ne peut éteindre. C’est cette détresse des réfugiés que
questionne Mariam Abouzid dans ses dessins, quel chemin pour ceux qui ont tout
perdu
Partir pour commencer à nouveau, dans l’éloignement et la
solitude qui tracent les parcours de liberté…C’est compter sans les liens ténus
comme des aiguilles effilées qui percent de leur acuité métallique la blancheur
déjà froissée des territoires inconnus…Partir ne signifie pas quitter, comment
se quitter soi-même, quelle plus inaliénable alliance que celle tissée dans
l’intimité, puis déchirée, comment inventer une autre trame
C’est le regard
percé que nous partons, Safaa Erruas nous le rappelle, les départs ont l’étoffe
fragile et floconneuse des linges …alvéolaires, ceux de la naissance et de la
mort
Partir, conquérir, découvrir, sont des topos sans cesse
réinterprétés, Boujemaoui, mais aussi Saâd Ben Cheffaj et Bouchta El Hayani, chacun
questionne encore et encore le destin des rescapés, naufragés poursuivant leur
voyage sur une embarcation de fortune, radeau de la Méduse ou pateras fragiles,
devant lesquels le regard se détourne dans une esquive impossible…qui ne se
reconnait pas dans ces rêveurs d’ailleurs, pris au piège menacé de leurs ?illusions,
ballottés sous les étoiles inaccessibles
C’est que nous partons lestés d’un espoir puissant, les
départs ont la texture de nos rêves, nous partons à la rencontre les uns des
autres nous rappelle Nabil El Makhloufi…mais aux portes du rêve les frontières
que les hommes construisent pour d’autres hommes : le clin d’œil ironique de
Mohamed Fariji marque les limites de l’envolée, pièces d’identité, images et
représentations uniformisées, qui se soucie de l’histoire de chaque départ
Fouad
Bellamine construit avec tendresse la cartographie de l’ailleurs, le Paris
mythique qui accueillit Picasso, Giacometti, Modigliani, Nicolas de Staël, les
ateliers aujourd’hui désertés qui racontent dans l’espace construit l’universelle
fécondité de la rencontre, tous ces errants riches d’eux-mêmes qui nous
rappellent qu’encore et toujours le voyage vers l’autre enfante le monde… A quel départ rêvez-vous
Fouad Bellamine
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